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Difficile ramadan pour les déplacés dans l'est de la RDC

Zanem Nety Zaidi
22 mars 2024

Par manque de nourriture, des milliers de déplacés ne peuvent rompre le jeûne, un moment pourtant essentiel lors de la pratique du ramadan.

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Camp de déplacés à Rusayo le 2 octobre 2023
Les populations civiles sont les grandes victimes des combats dans l'est de la RDCImage : Alexis Huguet/AFP

A Goma, des familles musulmanes s'organisent donc pour venir en aide à ces déplacés

Fauziya Ali, une déplacée vivant dans le camp de Bulengo, à Goma, s’efforce de faire le ramadan, malgré la situation difficile dans laquelle elle se trouve. 

"J'ai fui la guerre et je me suis retrouvée dans le camp de Bulengo il y a six mois. Ce que je veux, c'est que la guerre prenne fin. En tant que musulmane, le plus gros problème auquel nous sommes confrontés est le manque de nourriture pour rompre le jeûne, ainsi que le manque de vêtements", explique  Fauziya Ali, une déplacée.

Djuma Mapendano, un autre déplacé interne vivant dans le camp de Rusayo, se présente à la prière du soir, mais il ne cache pas, lui aussi, ses difficultés pour trouver de la nourriture pour la rupture dujeûne, à la nuit tombée.

"J'ai réussi à jeûner les deux premiers jours du ramadan avant que je n'arrête parce que je ne trouvais pas à manger le soir, comme ça se doit. Cela m'a fort affaibli, à tel point que je me sentais à bout de souffle. Dès lors, je ne reste qu'avec le programme de cinq prières par jour, et c'est la raison de ma présence ici à la mosquée", dit Djuma Mapendano. 

Des Congolais fuient en masse les combats entre les FARDC et les rebelles du M23, le 7 février 2024
La guerre a contraint des milliers de Congolais à la fuiteImage : Moses Sawasawa/AP/picture alliance

Solidarité envers les déplacés

Mais, ce soir, Djuma Mapendano sera invité à manger dans la famille de Mwajuma Blondel. Celle-ci explique combien il est important de faire cette aumône durant le ramadan.

"Nous sommes dans le mois sacré du ramadan, Al-ḥamdu li-l-lāh (Dieu soit loué, ndlr) et il se passe très bien. En famille d'abord, l'islam nous demande la générosité. Et cette générosité, c'est surtout avec les gens qui n'ont pas les moyens de se procurer de la nourriture. Quand nous partageons ensemble, c'est comme une aumône que nous leur faisons", estime Mwajuma Blondel.

Pour leur procurer de quoi rompre le jeûne chaque soir, la communauté musulmane de Goma apporte, depuis le début de ce mois, des vivres aux musulmans déplacés qui sont recueillis dans différents camps autour de Goma, mais aussi au sein de familles d'accueil. 

Mwajuma Blondel est membre d’une association dénommée Muslim Sisters qui récolte de la nourriture pour les déplacés.

"Je fais partie d'une association de filles et femmes musulmanes dans la ville de Goma qui s'appelle Muslim Sisters. Nous sommes en train de faire une collecte de fonds, car ce dimanche, nous allons assister les déplacés de Rusayo et Bulengo qui nous ont fait part de leur manque de nourriture pour finir le mois", indique-t-elle.

Des habitants fuient leur localité face aux combats dans la région de Goma, le 4 mai 2022
Des habitants fuient leur localité face aux combats dans la région de Goma, le 4 mai 2022Image : Moses Sawasawa/AP/picture alliance

"Que la guerre prenne fin"

Mais au-delà des questions religieuses, cette mère d'un enfant avoue souffrir de voir ses compatriotes obligés de fuir les combats d’une guerre qu’ils comprennent mal.

"J'ai déjà visité plus de cinq camps et quand je vois les enfants qui ont du mal à trouver même de la bouillie, ça me fait beaucoup de mal en tant qu’être humain, même en dehors de la religion. Nous avons besoin de la paix dans l'est de la RDC. Je demande à nos autorités de faire de leur mieux pour que la guerre puisse prendre fin dans notre pays", estime encore Mwajuma Blondel.

Cette année, dans la région de Goma, le mois sacré du ramadan est essentiellement consacré à la prière pour la paix en République démocratique du Congo, confient de nombreux croyants.